Livre Warré 33

Chapitre 33:Transvasement – extrait du livre l’apiculture pour tous par Abbe Warre

On a conseillé plusieurs modes de transvasement. Or, nous n’en admettons qu’un seul.

 

 

Pas de superposition

La superposition doit être employée de préférence en mars, parce que dans ce mois il est plus facile de diminuer la hauteur du panier et des rayons. On facilite par là la réussite du système.

Malgré cette précaution, si la miellée n’est pas suffisante, les abeilles restent dans le panier et ne s’installent pas dans la ruche nouvelle. Même dans les années mellifères, l’installation des abeilles dans la ruche nouvelle est souvent insuffisante. Après la récolte, il faut nourrir pour compléter les provisions et aussi pour faire bâtir les rayons. Ajoutez à cela qu’avec ce système, il est long et difficile de surveiller les rayons pendant que les abeilles les bâtissent. Par conséquent ce système, au lieu d’économiser du temps, en fait dépenser ; il complique le travail au lieu de le simplifier : il fait souvent manquer le but poursuivi.

Pas de transvasement complet en mars

Le transvasement ne doit pas être fait en mars. À cette époque, la chasse des abeilles est longue et difficile : elle provoque le refroidissement du couvain. On est souvent obligé d’employer l’asphyxie. Or, l’asphyxie donne la diarrhée aux abeilles. Et encore, placer dans une grande ruche froide du couvain, refroidi avec une poignée d’abeilles, n’est-ce pas exposer ce couvain à mourir de froid, du moins partiellement ? On peut, par là, amener la loque dans le rucher ; du moins on retarde sûrement le développement du couvain.

Époque et heure du transvasement

Le transvasement doit être fait quand la grande miellée est commencée. On ne peut en fixer la date qui varie d’ailleurs chaque année et dans chaque région. On sait que la miellée est commencée quand il y a dans la ruche des apports de quelques kilos de miel, ce qu’on peut constater en la pesant ou quand il y a des essaims naturels dans le pays.

Si on opère trop tôt, on perd du couvain utile, on permet une production de couvain nuisible, on s’oblige souvent à nourrir. Si on opère trop tard, on perd une partie de la miellée.

Vous opérerez un jour de beau temps, après une journée précédente de beau temps, de 11 heures à 15 heures, de préférence à 11 heures.

Jamais de transvasement complet

Dans le transvasement, il ne faut utiliser que les abeilles. Le couvain sera détruit, le miel et la cire seront employés comme à la récolte. Le couvain retient des ouvrières à la ruche et les empêche d’aller à la miellée. Il ne peut donc qu’être nuisible de transvaser aussi le couvain.

Laisser le couvain dans la ruche commune avec quelques abeilles ou donner à ce couvain des abeilles d’une autre colonie par mutation, c’est multiplier les colonies faibles. Or, deux colonies faibles ne produisent jamais autant qu’une forte colonie. Dans les deux colonies faibles, deux groupes d’abeilles sont retenus à la ruche pour le nettoyage, deux groupes pour l’incubation du couvain, deux groupes pour le nourrissement de ce même couvain. Dans la forte colonie, un seul groupe est retenu pour chacun de ces trois travaux d’intérieur.

D’ailleurs, quand la miellée sera passée, si vous avez du miel, il vous sera facile, comme nous le dirons, de faire des multiplications moins onéreuses et moins risquées, par l’essaimage artificiel.

Méthode

Pour opérer un transvasement, faites toutes les opérations indiquées ci-dessous.

Notez bien qu’il faut opérer :

1. Au commencement de la miellée ;

2. Par beau temps ;

3. De 11 heures à 15 heures (heures du soleil) ;

4. Et que vous devez préparer à l’avance une ruche composée de deux hausses au moins, un seau ou un récipient quelconque pouvant recevoir le panier, et quatre bâtons.

1. Déplacement du panier à transvaser — L’auxiliaire envoie très doucement un peu de fumée dans le panier. Quand les abeilles sont en bruissement, l’opérateur prend le panier, le transporte à distance, pour n’être importuné ni par les butineuses du panier, ni par les abeilles des colonies voisines, et le place renversé sur un seau, une hausse vide, une caisse ou une cuve. Il importe que l’auxiliaire enfume le moins possible les abeilles pendant cette opération (Fig. 1).

2. Installation de la ruche nouvelle — À la place du panier, l’opérateur et l’auxiliaire disposent une ruche composée d’un plateau, de la hausse n∘ 2 et d’un coussin (Fig. 2). Cette ruche recevra pendant l’opération les butineuses du panier.

3. Pose d’une hausse sur le panier à transvaser — L’auxiliaire enfume assez pour qu’il n’y ait pas d’abeilles écrasées, ni plus ni moins. L’opérateur place la hausse vide n∘ 1 sur le panier à transvaser. Provisoirement, jusqu’à la première visite, la toile couvre-rayons a été fixée par des pointes (Fig. 3) sur cette hausse.

4. Tapotement — L’opérateur et l’auxiliaire sont assis d’équerre près du panier, afin de pouvoir frapper en quatre places différentes, quoique à la même hauteur ; ils tiennent chacun deux bâtons. Une montre est près d’eux. Ils frappent au bas du panier en A (précédemment le haut du panier) pendant trois minutes. Puis l’opérateur et l’auxiliaire frappent pendant trois minutes un peu plus haut, en B, au milieu du panier. Enfin, l’opérateur et l’auxiliaire frappent, pendant trois minutes, en C, presque sur le bord du panier.

5. Mise en place de la hausse peuplée — Si l’opération a été faite comme nous l’avons indiqué, après ce tapotement pendant neuf minutes, les abeilles sont montées dans la hausse.

L’opérateur prend la hausse avec les abeilles et va la porter à sa place définitive, en évitant toute secousse. L’auxiliaire enlève le coussin qui recouvre la hausse n∘ 2 et enfume doucement. L’opérateur place la hausse n∘ 1 sur la hausse n∘ 2. L’auxiliaire recouvre les deux hausses du coussin (Fig. 4), puis du toit.

6. Destruction du panier transvasé — L’opérateur et l’auxiliaire retournent de suite au panier transvasé. L’opérateur l’enlève ; l’auxiliaire enfume abondamment, surtout s’il constate la présence de pillardes. Le panier est vide, dans un local à l’abri des abeilles. Le miel est extrait. La cire est fondue au plus tôt et le couvain détruit.

Nota

Pour vérifier la présence de la reine, avant de porter la hausse n∘ 1 sur la hausse n° 2, l’opérateur la déposera quelques secondes sur une étoffe de couleur sombre. Quand il l’enlèvera, il constatera sur l’étoffe des œufs blancs qui attestent la présence de la reine.

Transvasement d’une ruche à cadres

Au lieu de ruche vulgaire, on peut avoir à transvaser une ruche à cadres. Voici comment on peut opérer

1er cas

Vous connaissez la reine et vous avez des cadres encore mobiles. Portez la ruche au loin. Recherchez la reine. À midi la reine est toujours à l’une des extrémités du couvain, un jour à droite, un jour à gauche. Avec une brosse à abeilles, balayez la reine avec ses abeilles dans la ruche nouvelle. Agissez doucement et avec précaution. Prenez ensuite tous les cadres un à un, et balayez-en toutes les abeilles rapidement, dans la ruche nouvelle.

2e cas

Vous ne connaissez pas la reine ou les cadres ne sont plus mobiles. Portez la ruche au loin. Laissez-la dans sa position. Placez dessus une hausse de Ruche Populaire comme précédemment. Couvrez avec du papier, du carton, les parties non couvertes par la hausse. Tapotez comme sur la ruche vulgaire. Et en plus enfumez copieusement par l’entrée.