Livre Warré 63

Chapitre 63: Nourrissement d’hiver – extrait du livre : « L’apiculture pour tous » par Abbé Warré

Observations
Un apiculteur ne devrait pas avoir besoin de nourrir ses abeilles en hiver. Le complément de provisions, si celles-ci étaient insuffisantes, a dû être donné à l’automne à la récolte, à la mise en hivernage.

 

Toutefois, par hasard, le temps a pu manquer, ou le courage. Voici le moyen de réparer ce retard.
Le nourrissement est plus nuisible en hiver qu’au printemps. Il est donc préférable de ne nourrir, en hiver, que les colonies vraiment nécessiteuses, et de ne leur donner que le nécessaire, un généreux nécessaire. On complétera au printemps, en mars, en avril.


Sucre en plaque
Je ne conseille pas l’emploi de sucre en plaque ou candi. Sa fabrication est difficile. Il arrive souvent qu’on fasse du caramel sans le vouloir. Or, ce sucre brûlé ne peut être donné aux abeilles.
Par ailleurs, le candi du commerce, c’est toujours du sucre, qui ne convient pas à l’abeille, surtout en hiver.
Nous donnons toutefois la recette d’un candi pour abeilles :
Verser dans une bassine 3 kg de sucre cristallisé ou autre, ajouter 1 litre d’eau bouillante pour en faciliter la fonte rapide tout en remuant sur le feu, porter à l’ébullition à feu vif pendant 15 à 20 minutes afin d’atteindre une température voisine de 120 ℃, toujours en remuant ; pendant l’ébullition du sucre ajouter 3 g de crème de tartre et vers la fin de cette cuisson, de 0 à 500 g de miel.
Laisser refroidir aux environs de 35 à 40 ℃ ; prendre une bonne spatule et remuer énergiquement.
Un phénomène chimique se produit plus ou moins spontanément en transformant le sirop en pâte blanche qu’il suffit de mouler selon les besoins. Ce candi, bien réussi, est blanc et ressemble à du bonbon fondant.
Pot à confiture
On peut toujours avoir recours au pot à confiture, recouvert d’une toile et renversé sur les rayons. Mais, à cette époque, il faut mettre dans ce pot du miel pur additionné d’eau, soit (en poids) deux tiers en miel, un tiers en eau.
Pour cela, choisissez, de préférence, un pot en verre blanc, afin que, sans le soulever, vous puissiez constater quand il est vide. Remplissez le pot de sirop légèrement chaud, couvrez-le d’une toile pas trop serrée que vous fixerez par une ficelle. Renversez ce pot sur un carré de toile métallique disposé au milieu de la toile qui recouvre les rayons, où vous aurez enlevé un carré plus petit que le carré de toile métallique. Placez une hausse vide sur votre ruche et remplissez-la de vieilles toiles pour conserver la chaleur autour du pot à confiture. Couvrez la ruche de son coussin et de son toit.
Sucre en pâte
On peut aussi employer le sucre en pâte. Nous tenons à faire observer que le sucre cristallisé et le sucre semoule ne conviennent pas à la fabrication de cette pâte.
Il faut les écraser et les réduire à l’état de farine ou employer le sucre glacé dont se servent les pâtissiers.
C’est le sucre glacé employé par les pâtissiers qui convient le mieux pour faire cette pâte. À son défaut on réduira en poussière le sucre qu’on possède.
Voici comment on prépare cette pâte. Faire fondre 750 g de miel sans ajouter d’eau. Pendant qu’on travaille la masse, ajouter petit à petit le sucre. On s’arrête quand le miel n’absorbe plus le sucre, 750 g de miel absorbent facilement 1 kg de sucre.
Le sucre en pâte vaut mieux que le sucre en plaques, mais ne vaut pas le miel.
Emploi de la pâte de sucre
La pâte est ensuite placée dans une toile fine, à la façon d’un cataplasme, puis déposée sur les rayons, sous la toile.
En tout cas, il importe de procéder rapidement pour diminuer la sortie de la chaleur de la chambre à couvain et de recouvrir soigneusement cette chambre à couvain pour y maintenir une bonne chaleur. Notre coussin bien garni, bien tassé est suffisant.

photos :© Jan Michael, rucher école Villa le Bosquet