Livre Warré 61
Chapitre 61: La cire – extrait du livre : « L’apiculture pour tous » par Abbé Warré
Après l’extraction du miel, il reste des opercules de cire, des débris de rayons. Après le transvasement d’une ruche commune et l’extraction de son miel, il reste aussi des débris et des rayons secs et vides.
La cire sèche est appelée cire en branches ; la cire encore humide de miel est appelée cire grasse.
Pour rendre ces cires utilisables, il faut les séparer de leurs impuretés : pollen, cadavres de larves, cocons de chrysalides, poussières.
Observations
Divers moyens sont employés pour la purification de la cire : fusion par la chaleur solaire, fusion par la chaleur du four, fusion par l’eau chaude. Mais ces trois procédés sont basés sur ce fait que la cire d’abeilles fond à une température de 62 à 64 ℃ et qu’en fondant elle se sépare spontanément de ses impuretés par suite de sa densité plus faible, environ 0,965 ;
Le produit est d’autant plus parfait qu’il est obtenu par une fusion à un degré rapproché de 64 ℃ ;
La fonte et le fer non étamé donnent une couleur brune à la cire. Il en est de même des eaux riches en fer. Le fer étamé peut être employé.
Fusion par la chaleur solaire
On vend dans le commerce des appareils appelés cérificateurs solaires qui permettent cette fusion. Ces appareils sont établis sur le même principe que les châssis vitrés de jardinier.
On obtient avec ces cérificateurs une chaleur qui peut atteindre 88 ℃. On obtient plus facilement ce degré de chaleur en peignant l’intérieur du cérificateur en noir, en employant un verre épais, en ajoutant une seconde vitre par-dessus la première, en maintenant le cérificateur bien en face du soleil.
Cette fusion est économique et n’a pas les désagréments des autres. Elle donne par ailleurs un excellent produit. Mais elle convient principalement aux opercules et aux cires en branches bien propres. Les impuretés des autres cires y absorberaient une partie de la cire fondue. Je ne sais si cette perte de cire est supérieure à l’économie de temps et de combustible. J’en doute. J’estime beaucoup le cérificateur solaire. Malheureusement on ne peut l’employer qu’en été.
Fusion au four
Ce procédé est encore économique, mais dans son emploi il arrive souvent que la cire brûle, prend une teinte brune et une odeur désagréable.
En tout cas, voici comment on doit procéder pour cette fusion. Les rayons sont réduits en menus morceaux et placés dans un tamis à toile métallique ou dans une passoire ordinaire. Au-dessous, on place un récipient de dimensions appropriées contenant 4 ou 5 centimètres d’eau. On place le tout dans un four à pain après la sortie du pain ou dans le four du fourneau de la cuisine. Quand la cire est fondue, on laisse refroidir très lentement et sans remuer le récipient qui contient la cire.
Fusion par l’eau chaude
Cette fusion est plus rapide et donne un bon produit. Elle convient à toutes les cires et à toutes les quantités.
Trois jours avant d’opérer, on brise les rayons en menus morceaux et on les fait plonger dans l’eau. Après ces trois jours, on procède à la fusion comme il suit.
L’opération peut se faire sur le fourneau de la cuisine. Mais on doit veiller à ce qu’il ne tombe pas de cire sur le fourneau, car la cire est très inflammable.
On prépare sur la partie moins chaude du fourneau un vase dans lequel on met 4 à 5 centimètres d’eau, sur lequel on place un tamis à toile métallique ou une passoire ordinaire.
On prend des dispositions pour avoir librement de l’eau bouillante dans la chaudière du fourneau ou ailleurs.
On prend ensuite un récipient assez grand, une cuve de lessiveuse par exemple, qu’on remplit d’eau au tiers. On porte cette eau à l’ébullition. On jette dans cette eau bouillante la cire brute qu’on a fait tremper dans l’eau à l’avance. On n’emplit cette cuve qu’aux deux tiers, afin qu’en cas d’ébullition la cire ne se répande pas sur le fourneau. On devra d’ailleurs éviter cette ébullition pour laisser à la cire toute sa qualité. Il est bon d’avoir près de soi un peu d’eau froide qu’on jettera dans la cuve si on est surpris par l’ébullition.
On remue la cire jetée dans la cuve jusqu’à sa complète fusion. On la prend ensuite avec une grande cuillère pour la mettre dans la passoire ou le tamis préparé à côté. On verse dessus de l’eau bouillante jusqu’à ce qu’il ne sorte plus de cire.
Le marc resté dans la passoire est jeté et on recommence.
Quand on a fini ou quand le vase contenant la cire coulée est plein, on place ce vase dans un local chaud si possible ; en tout cas, on l’entoure de couvertures, de sciure de bois, afin de ralentir son refroidissement. Les impuretés qui restent se déposent au fond. Plus le refroidissement est lent, plus la cire est propre.
Autre méthode
Mettez tous vos débris de cire dans une forte toile (vieux sac). Liez solidement pour former une sorte de ballot. Prenez la lessiveuse de votre ménagère, garnissez le fond de quelques brindilles pour empêcher le contact du ballot et du fond de la lessiveuse. Mettez le ballot dans la lessiveuse et remplissez-la d’eau de telle façon que le ballot en soit recouvert de 10 centimètres. Une pierre, un poids maintiendra la cire dans le fond. Dès que l’eau est suffisamment chaude, la cire fond et monte à la surface de l’eau. Pressez de temps en temps le ballot avec un bâton. Dès qu’il ne sort plus de cire du ballot, retirez la lessiveuse du feu et laissez refroidir lentement.
Épuration de la cire
Pendant le refroidissement de la cire, les impuretés de petites dimensions se déposent au fond du vase. Après le refroidissement complet de la cire, elles forment sous le bloc une couche plus ou moins épaisse, appelée pied de cire.
Ce pied de cire est raclé. On fera refondre ensuite la cire et autant de fois qu’il sera nécessaire pour obtenir la pureté recherchée. Chaque fois on raclera le pied de cire.
Cette refonte sera faite de préférence au bain-marie, pour éviter la brûlure, et dans un vase contenant quelques centimètres d’eau.
Les rayons moisis et partiellement dévorés par la fausse teigne ne donnent jamais qu’une cire de premier jet de mauvaise qualité, que la solidification la plus lente ne parvient même pas à épurer. Il faut, dans ce cas, soumettre la matière liquide à un véritable collage, en l’additionnant de substances qui entraînent les impuretés et les obligent à se déposer.
Le meilleur collage est fourni par le mélange d’un demi-litre d’acide sulfurique dans deux litres d’eau, l’acide étant versé lentement dans l’eau ; jamais le contraire, pour éviter les projections dangereuses. C’est la dose pour 100 kilogrammes environ de cire fondue. Lorsque la cire est très noire, surchargée d’impuretés, on met trois quarts de litre d’acide sulfurique, toujours pour un quintal. Prendre garde au feu.
On peut remplacer l’acide sulfurique par l’alcool. L’alun jouit également des mêmes propriétés clarifiantes. Dans ce cas, on verse dans la masse en fusion 1 g d’alun par litre de capacité.
On peut aussi mélanger un peu de gélatine à la cire fondue.
Moulage de la cire
Les moules à cire auront les dimensions proportionnées aux goûts et aux besoins de chacun. Ces moules seront graissés avec de l’huile et chauffés avant d’y verser la cire.
Une brique de cire doit être légèrement bombée en dessus. Si la cire est versée trop froide, le bombement est plus prononcé et sur les côtés de la brique il y a des lignes parallèles. Si la cire est versée trop chaude, la face supérieure est creuse ou couverte de gerçures accentuées. On se trouvera bien de mettre un peu d’eau chaude au fond des moules.
Nettoyage des moules et des vases
Pour nettoyer les moules et les vases ayant servi à la fonte de la cire, on les frotte avec de la sciure de bois pendant qu’ils sont encore chauds. On peut aussi y faire bouillir une solution de cristaux de soude avec de la sciure de bois.
Couleur de la cire
La couleur de la cire purifiée varie depuis le jaune pâle jusqu’au jaune-brun. On pense que cette couleur est donnée à la cire par le pollen que les abeilles consomment lorsqu’elles font de la cire.
Falsification de la cire
La cire d’abeilles étant d’un prix très élevé et les matières propres à la falsifier très bon marché, il arrive souvent que la cire soit falsifiée. Sans recourir à des analyses chimiques, difficiles et coûteuses, on peut, par les moyens suivants, constater si la cire est pure :
Faites fondre la cire suspecte. Si elle est pure, elle fond à 62 ou 64 ℃. Si elle fond à un degré inférieur ou seulement à un degré supérieur, elle n’est pas pure.
Faites fondre la cire dans l’essence de térébenthine. La cire pure reste transparente, fond complètement et ne fait aucun dépôt. S’il se fait un dépôt, si la solution est incomplète ou fortement troublée, c’est que la cire est falsifiée.
Rendement en cire
L’apiculteur mobiliste produit peu de cire. L’apiculteur fixiste en produit davantage, surtout si l’étouffage y est pratiqué.
Le désoperculage des rayons dans le mobilisme donne une quantité de cire équivalente à 1 ou 2 % de miel extrait.
Les ruches vulgaires fournissent de la cire en proportion de leur capacité.
Une ruche de 30 litres comprend 10 litres ou décimètres cubes de ruelles et 20 litres ou décimètres cubes de rayons, soit 80 décimètres carrés de rayons. Or, un décimètre carré de rayon contient 11 g de cire ; mais par les moyens ordinaires on n’en extrait que 6 à 7 g. Un panier de 30 litres donnerait donc 500 à 600 g de cire. Le reste de la cire, 300 à 400 g, demeure dans les résidus dont tirent parti certaines maisons, par des dissolvants appropriés.
Il est à noter que ce n’est pas par le poids qu’il faut apprécier la valeur de la cire. Les vieux rayons épais et noirs contiennent autant de cire que les autres, mais pas plus. Leur poids plus considérable est dû aux impuretés qui s’y sont accumulées et qui empêchent même l’extraction de la cire en l’absorbant.
Cirage
Cire jaune, 400 g ; colophane, 100 g ; essence de térébenthine, 100 g ; noir animal, 150 g.
Faire fondre la cire au bain-marie ; quand elle est fondue, dans une pièce sans feu, et, le jour, ajoutez peu à peu la colophane, que vous avez fait dissoudre à froid dans l’essence de térébenthine, puis mettez le noir animal et remuez jusqu’à refroidissement complet.
Moins vous mettrez de noir, plus le cirage sera de teinte claire.
Encaustique pour parquets
Voici une excellente formule :
Cire jaune, 1 kg, potasse dissoute dans un peu d’eau (un demi-litre).
Après avoir fait bouillir ces deux substances dans deux litres d’eau pendant une demi-heure, ajoutez : ocre jaune, 125 g. Retirez du feu, agitez vivement cette mixture jusqu’à ce qu’elle soit devenue tiède. Etendez-en sur le parquet bien lavé d’avance et sec, une première couche, puis, quand celle-ci est sèche, une seconde couche.