Orientation Le plus grand ennemi de l’abeille c’est le soleil de midi. Il fait fondre la cire et le miel ; il détruit les rayons et noie les abeilles. En tout cas, il empêche les abeilles de sortir en les obligeant à ventiler la ruche. Il est donc absolument nécessaire d’abriter les ruches contre ce soleil par des arbustes : pêchers, poiriers, pommiers, buldeya, etc., ou par des plantes soleils, topinambours, etc. La ruche sera tournée de préférence vers l’est. Le soleil levant réveillera plus tôt les butineuses. Si cette orientation est difficile, on se contentera d’orienter les ruches vers l’ouest et même au besoin vers le nord, jamais vers le sud. Dimensions Les ruches pourront n’occuper que 0,75. Les abeilles reconnaissent parfaitement leur ruche, même dans un rucher important, si ces ruches sont placées à 0,75 de centre à centre. Si les ruches sont placées à une plus grande distance, les abeilles n’en souffrent nullement. Mais l’apiculteur a, de ce fait, plus de terrain à entretenir sans aucun profit. Les abeilles prennent leur vol à n’importe quel angle. On peut toutefois considérer comme un angle minimum celui de 45 degrés. Sous un angle inférieur, elles sont gênées. Un exemple fera mieux comprendre cette expression. Si en avant des ruches il y a un mur, si ce mur a une hauteur de 2 mètres, on ne devra placer l’entrée des ruches qu’à 2 mètres au moins de ce mur. Ces données indiquent les dimensions que doit avoir le rucher pour abriter un nombre déterminé de ruches ; elles indiquent également le nombre de ruches que peut recevoir un terrain déterminé. Distances Diverses négligences et imprudences d’apiculteur ont provoqué des règlements pour les distances à tenir entre les ruches d’une part et, d’autre part, les chemins publics et les propriétés privées. Ces règlements sont locaux, communaux ou départementaux. Le cadre de cet ouvrage ne me permet pas de les donner tous. On trouvera ces règlements à la préfecture de chaque département. En général, les distances à tenir varient de 4 à 6 mètres. Je crois que certains règlements exigent une distance de 20 mètres : c’est une exception. Il est d’ailleurs bon de remarquer que la plupart des règlements n’exigent aucune distance quand il y a une clôture pleine de 2 mètres de hauteur. Dans sa séance du 18 novembre 1925, la Chambre des députés a adopté sans débat une proposition de loi ainsi rédigée « Article unique. — Le paragraphe 3 de l’article 17 de la loi du 21 juin 1898 est modifié comme suit : « Toutefois, ne sont assujetties à aucune prescription de distance les ruches isolées des propriétés voisines ou des chemins publics par un mur, une palissade en planches jointes, une haie vive ou sèche, sans solution de continuité. « Ces clôtures devront avoir une hauteur de 2 mètres au-dessus du sol et s’étendre sur au moins 2 mètres de chaque côté de la ruche. » Importance Le nombre de ruches dans un rucher doit être proportionné à la richesse mellifère de la région et au nombre de ruches déjà installées dans cette région. Ce nombre est donc très variable. photo :© Jan Michael, rucher école Villa le Bosquet | On estime toutefois que 50 ruches au moins peuvent prospérer dans un rayon de 3 kilomètres, quelle que soit la richesse de l’endroit. Évidemment, il faut tenir compte des ruches du voisin. Disposition Nous avons déjà dit les inconvénients du rucher couvert (la visite est plus difficile) et du rucher en plein air sur supports communs (les colonies sont souvent agitées, ce qui les fait consommer des provisions et les irrite). Nous conseillons donc le rucher en plein air avec ruches isolées : ce rucher n’a aucun des inconvénients précités et il procure plus d’hygiène à l’apiculteur. On les placera sur une seule ligne, sur plusieurs parallèles dans le même sens ou en sens opposé, en fer à cheval, etc., en tenant compte de ce qui a été dit au chapitre « Orientation ». Au-dessous des ruches, on pourrait établir un pavé en béton sur une largeur de 0,80. Si on considère que ce pavé dispensera de l’arrachage de l’herbe autour des ruches et de la vérification de leur aplomb au printemps, on pourra trouver que ce pavé est économique, surtout si on l’établit soi-même. On pourrait, au-dessus, établir un toit léger, ou simplement faire courir une vigne vierge sur des fils de fer. Plantations L’apiculteur ne peut fournir à ses abeilles assez de fleurs pour les occuper. Il devra compter sur les cultivateurs du voisinage. Pour suffire à ses abeilles, l’apiculteur devrait ensemencer des champs considérables. Ce serait pour lui un surcroît de dépenses et de travail dont il ne serait pas payé par la récolte de miel. L’apiculteur pourra cependant planter auprès de ses ruches quelques plantes ornementales mellifères. Il aura ainsi l’occasion de suivre parfois de près le travail de ses abeilles. S’il a des plantations à faire dans son jardin, dans une culture voisine, il préférera, bien entendu, les plantes mellifères. Il pourra aussi conseiller ces plantes à ses voisins, et au besoin appuyer ses conseils par le don de graines et d’un pot de bon miel. L’apiculteur devra se convaincre, et tâchera de convaincre ses voisins, que plus une plante est mellifère et plus elle est bienfaisante pour les animaux de la ferme. L’apiculteur se trouvera bien toutefois de planter auprès du rucher des crocus, des perce-neige, des giroflées brunes. Ces fleurs procureront aux abeilles du pollen encore rare, au premier printemps. La culture de la lavande serait peut-être deux fois rémunératrice. La culture de la phacélie pourrait aussi être envisagée. On peut la semer au printemps, à raison de 150 à 160 grammes à l’are. Elle lève au bout de huit à quatorze jours et fleurit six semaines plus tard. Elle atteint une hauteur de 60 centimètres et donne des fleurs pendant cinq semaines. Elle permet donc de faire des semis échelonnés pour avoir des fleurs mellifères quand la région en manque. Parce qu’elle résiste aux premières gelées, la phacélie peut encore être semée au 15 août pour être donnée en vert au bétail fin octobre et commencement de novembre. |