Livre Warré
Chapitre 73: Conclusion – extrait du livre : L’apiculture pour tous » par Abbé Warré
La Ruche Populaire est la ruche rationnelle
Économique dans sa construction, économique dans la méthode, la Ruche Populaire est bien la ruche rationnelle.
En hiver, les abeilles ne craignent pas le froid, mais c’est à la condition que les provisions se trouvent au-dessus du groupe d’abeilles.
En hiver, les abeilles se groupent au-dessous du miel en une forme allongée (comme une grosse poire dont la queue est en bas). Dans ce groupe il y a un mouvement alterné continuel. Les abeilles du centre montent vers les provisions et se gorgent d’une petite quantité de miel. Réchauffées par cette consommation de miel, ces abeilles descendent par la périphérie et réchauffent leurs sœurs. Ces dernières montent à leur tour jusqu’aux provisions et ainsi de suite pendant l’hivernation.
Il importe donc que la ruche soit assez haute pour permettre la superposition des provisions et du groupe d’abeilles, et pas trop large, pour que le groupe d’abeilles n’ait pas à se déplacer horizontalement pour trouver les provisions. Car, à côté du groupe d’abeilles, il ne peut y avoir le même degré de chaleur qu’au-dessus.
C’est donc la condamnation des rayons bas et longs, c’est la supériorité évidente de la Ruche Populaire, dont deux rayons superposés donnent une largeur de 0,30 et une hauteur de 0,42.
En hiver, les abeilles craignent l’humidité. Or, il y a toujours beaucoup d’humidité dans la ruche. Elle vient du dehors ; elle est le produit de l’évaporation du miel et de la respiration des abeilles.
Dans une ruche large, cette humidité en s’éloignant du groupe d’abeilles, c’est-à-dire d’un foyer de chaleur, cette humidité se refroidît, se condense, tombe sur les parois extérieures et sur les rayons extrêmes de la ruche, les pourrît et s’accroît continuellement, au grand détriment des abeilles.
Dans une ruche étroite comme la Ruche Populaire, cette humidité ne peut s’éloigner du groupe d’abeilles, ne se refroidit pas, ne se condense pas. Elle demeure au-dessus du groupe d’abeilles et finit par s’échapper à travers la toile qui recouvre les rayons de la hausse supérieure et passe dans le coussin. Et ceci à la volonté des abeilles, qui règlent l’échappement de cette humidité en mettant plus ou moins de propolis sur la toile.
C’est donc la condamnation des planchettes et de la toile cirée, employées souvent pour recouvrir la ruche, la condamnation aussi des ruches larges comme la ruche Dadant. C’est la supériorité de la Ruche Populaire étroite et recouverte d’une toile.
Dans la bonne saison les abeilles doivent maintenir une chaleur suffisante sur le couvain (œufs et larves). Or, elles pourront entretenir cette chaleur plus facilement sur une surface de 0,30 x 0,30 que sur une surface de 0,45 x 0,45, c’est de toute évidence.
D’où encore supériorité d’une ruche étroite comme la Ruche Populaire.
Toutefois, dans la bonne saison, les abeilles ont besoin d’un grand espace, très variable. Or, nous pouvons leur donner cet espace généreusement et à temps, puisque nous agrandissons à volonté par le bas, sans danger de refroidissement.
La Ruche Populaire ne changera pas les pierres en miel ; elle ne vous donnera pas de miel sans que vous y mettiez la main. Non. Mais la Ruche Populaire vous économisera beaucoup de dépenses, beaucoup de temps, et quelques kilogrammes de miel chaque hiver. En un mot la Ruche Populaire est la ruche pratique et rationnelle ; la Ruche Populaire fera votre bonheur et celui de vos chères avettes.
Car en utilisant la Ruche Populaire à rayons fixes vous fournirez certainement l’habitation la plus agréable, comme la plus rationnelle, à vos charmantes abeilles.
« Ces messagères bénévoles et parfumées des germes de vie, plus ailées que le vent, plus judicieuses et plus sûres, qui amendent sans cesse l’immortelle nature. » « Ces humbles receleuses d’un butin qui vous appartient, qu’elles gardent avec scrupule, qu’elles défendent au risque de se sacrifier à la mort, qu’elles sont loin de dilapider puisqu’elles n’y touchent point si ce n’est pour l’accroître et le sauvegarder. »
Va donc, ma Ruche Populaire, va par tous les jardins de France. Va donner aux petits de bienfaisantes tartines, aux grands la santé physique et morale. Va rappeler à tous la nécessité du travail, la douceur de l’union, la beauté du dévouement, la prospérité des familles nombreuses. Va combler chaque foyer de miel et de bonheurs. Mella fluunt tibi.
En résumé
Méthode simplifiée économique productive. Ni cadres — Ni cire gaufrée. Peu de travail. |
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Se défier
La Ruche Populaire est copiée dans beaucoup de régions, où elle est vendue sous des noms différents : Ruche Populaire, ruche Warré, ruche genre Warré. Certains, moins délicats, lui donnent un nom personnel, tout en se faisant une réclame avec les deux principes principaux de la Ruche Populaire : pas de cadres, pas de cire gaufrée.
J’ai vu plusieurs de ces ruches. En général, elles ne sont pas d’un travail soigné. Beaucoup ont subi des modifications fantaisistes qui sont loin d’être des améliorations. Il en est même de stupides qui ne permettent pas l’application de notre méthode.