Le problème de la cire gaufrée

En apiculture Dadant, c’est la règle pour la majorité des apiculteurs.
Par habitude, parce que j’ai appris comme ça, parce que « tous les pros » font comme ça… Bref, sans doute par convention et par croyance plus que par raison.
Mais la cire me pose plusieurs problèmes depuis quelques temps…  Les problèmes En premier lieu, la cire coûte cher, très cher. Il y a quelques années, on en trouvait à 8€ le kilo. Aujourd’hui, il faudra compter presque 20€ en conventionnel, et bien plus encore en bio… Si on estime les besoins à 1 kg par ruche, voilà un poste très lourd dans les charges de l’exploitation.
Et lorsque l’on connaît les besoins de l’apiculture moderne en cires, cela ne risque pas de s’améliorer dans les années à venir. La cire contient des produits non désirés. Lorsqu’on analyse la cire d’abeille, on y trouve des molécules en grand nombre. Celles que l’apiculteur a déposé en faisant certains traitements (Amitraze…), ceux présents dans l’environnement (pesticides divers…). Toutes ces molécules s’accumulent dans la cire, un corps gras qui garde intactes ces molécules. Même les cires biologique, souvent d’importation, ont besoin de dérogations pour être utilisées en apiculture biologique.
La cire gaufrée contraint la ponte de la reine.
En effet, les cellules sont moulées pour recevoir des ouvrières. Cela modifie artificiellement le fonctionnement de la colonie. On le voit facilement en laissant un cadre sans cire gaufrée : il sera construit uniquement en cellules mâles. L’autonomie sur l’exploitation. Enfin, comme nous produisons en France moins de cire que nous en consommons, en conventionnel, mais encore plus en bio, il va être essentiel de s’en passer si nous souhaitons maîtriser nos charges et l’état sanitaire des cires consommées (aujourd’hui en bio elles sont importées). Dans cette logique, je préfère en produire que d’en consommer.

Solutions possibles

Il existe de nombreuses solutions, mais seules quelques-unes d’entre elles correspondent à une pratique professionnelle qui exige un minimum de fiabilité et de résultats.

Transition vers une construction naturelle sans cadre avec des ruches modifiées (ruches de biodiversité) dotées d’un intérieur cylindrique recouvert de roseaux ou d’argile, voire constituées de troncs d’arbres en bois massif, comme dans le cas de l’apiculture traditionnelle Zeidlerei ou de notre ruche pédagogique, la ruche kenyane.

Une raison de plus pour transformer une ruche Dadant comme nous l’enseignons dans nos cours.

Cela surprend souvent, en particulier ceux qui pratiquent déjà l’apiculture, mais nous n’utilisons absolument pas de cire dans nos ruches. C’est même l’un de nos principes fondamentaux : les abeilles construisent elles-mêmes leurs rayons ! Il ne faut pas oublier que les abeilles étaient sur Terre bien avant les humains (plusieurs millions d’années avant, tout de même !) et qu’elles n’ont pas attendu notre arrivée pour construire leurs rayons de cire dans toutes les grottes qu’elles ont habitées.

La cire alvéolaire a été inventée et développée par un marchand de cire nommé Charles Dadant. L’objectif était de contrôler la construction de manière à préserver la mobilité des cadres afin de permettre toutes les manipulations nécessaires à l’intensification de l’activité, d’empêcher la construction de cellules de faux-bourdons, de limiter la dépense énergétique de la colonie au profit de la production de miel et, accessoirement, de pouvoir continuer à vendre de la cire alors que l’électricité avait fait s’effondrer le marché des bougies et des lampes à cire… Aujourd’hui, les plus gros consommateurs de cire d’abeille dans le monde sont les apiculteurs (!), dont les abeilles produisent cette cire – nous vivons une époque remarquable. La consommation de cire par l’apiculture est même si élevée qu’elle dépasse les capacités de production, et nous avons observé de nombreuses cires falsifiées avec des produits étrangers provenant de la ruche, qui sont moins chers et plus étranges que tous les autres, sans parler des problèmes de santé que ces cires peuvent causer, car elles proviennent parfois de ruches malades ou ont été traitées avec des produits chimiques.

La cire, substance grasse, retient les polluants et les impuretés, est difficile à désinfecter et s’enflamme à des températures trop élevées. C’est pourquoi nous n’utilisons pas de cire dans nos ruches, les abeilles construisent comme elles le souhaitent. Si vous souhaitez conserver la mobilité des rayons et ainsi orienter la construction dans les cadres, il vous suffit d’insérer un cadre vide entre deux cadres déjà construits. La présence d’un poteau dans le cadre le rigidifie et accélère le processus de construction du rayon. Il existe toujours des solutions simples. Enlever une partie de l’ancienne cire à chaque récolte de miel contribue également à maintenir la colonie en bonne santé, qui construit régulièrement de la belle cire, et nous permet de fabriquer nos cosmétiques, baumes, pommades et bougies, d’autant plus que nous n’utilisons (bien sûr !) aucun produit chimique et/ou toxique dans nos ruches.

 

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